lundi 3 février 2014

Dix heures du matin à Jodhpur - Rajasthan


Jodhpur, la ville bleue,

S’il y a une heure où il est bon de ne pas circuler à Jodhpur c’est bien dix heures du matin. Les bureaux commencent à cette heure-ci pour la majorité et les fonctionnaires comme les autres ne s’agitent guère pour arriver en avance. Ce qui fait que tout le monde se rue à 9 h 55 sur sa voiture, sa moto, son scooter, son vélo, le rickshaw, impossible à obtenir car ils sont déjà tous remplis, le bus, plein comme un œuf. Tout ce monde motorisé se retrouve à klaxonner pour passer en force le rond-point, à klaxonner toujours pour passer à droite ou à gauche du véhicule qui semble ralentir, à klaxonner encore pour pousser le cul décharné de la vache stationnée en plein milieu et mâchant délicatement son sac plastique. Pas de circulation possible sans klaxon, ce qui rend la vie des touristes un peu stressante peu habitués que nous sommes à nous faire abîmer les tympans au moindre pas.
Dix heures, c’est l’heure aussi du nettoyage : dans les bureaux, dans les maisons, dans les rues et en marchant paisiblement, on peut recevoir indifféremment sur les pieds, dans les jambes ou sur la tête, tout dépend à quel niveau des escaliers la balayeuse se trouve, un nuage de poussières, des papiers sales ou un reste de seau d’eau grasse. Ceux qui balaient devant leur magasin ne savent pas qu’il faut arroser pour éviter de balancer la poussière dans la figure des passants et le camion poubelle laisse s’envoler les plastiques qu’il vient de ramasser.
le ramassage des plastiques fait par deux gamines près de la place du marché
Dix heures c’est l’heure où les travaux dans la rue battent leur plein, le camion citerne vide son eau dans la rue qui va à l’hôtel ce qui oblige à des politiques de contournement invraisemblables, à des calculs puissance dix dignes d’un grand maître de jeu d’échecs pour pouvoir sauter d’un petit morceau de trottoir sec sur une minuscule île de goudron afin d’atteindre un petit tas de sable qui nous permettra en nous mettant de la boue jusqu’au milieu des orteils de traverser dangereusement cette partie du territoire. Les habitants compatissants, vous indique la petite ruelle à atteindre pour vous remettre les pieds au sec et arriver à destination.
le choix de bijoux tient toujours une grande place dans les achats des femmes
Cette femme vient d'acheter des bracelets neufs et la vendeuse casse directement
sur son bras ses anciens bracelets en verre coloré.
Même pour acheter des ballons, on va longuement hésiter sur la couleur !
Dix heures c’est l’heure où le marché s’éveille, les légumes sont en place, les marchands de bimbeloterie et de droguerie vantent leurs balais et leurs cuvettes, les vendeuses de bracelets font rentrer de force les ronds de métal brillant ou de verre coloré aux bras des clientes, les marchands d’épices, une des grandes spécialités à Jodhpur, se font une concurrence effrénée, chacun étant là au moins depuis une dizaine d’années ou plus, avant son proche voisin, tous ayant des dénominations quasi semblables pour tromper les clients qui ne font pas attention.
Achats pour le repas de midi, les petits pois sont en ce moment à 20 roupies
le kilo, il faut en profiter car ils sont délicieux !
pas de stress pour faire les courses, on prend le temps de s'asseoir et de discuter
Dix heures c’est l’heure à Sardar Market de manger une omelette dans une minuscule boutique recommandée par le Lonely Planet, l’heure aussi de déguster sous la Clock Tower le plus fameux lassi au safran de la ville (yaourt battu et parfumé qu’on déguste avec une paille).
Dix heures, chacun vaque, marche, installe son petit chariot roulant avec ses mouchoirs à vingt roupies ou ses paquets d’encens aux multiples parfums. 
Je parie que vous ne connaissez pas cette boutique d'encens, pourtant
connue mondialement !
Chacun installe sa marchandise, essuie ou plutôt fait s’envoler la poussière avec un petit plumeau sur son étal. Jusqu’au soir où la Tour de l’Horloge va s’allumer d’étages multicolores, la foule va aller, venir, les gamins vont essayer d’obtenir quelques roupies d’innocents étrangers, les chargements d’étoffes, foulards, turbans, saris, vont circuler à vélo, en char à bœuf ou en voiture à cheval, en moto ou par sacs dans les rickshaws, vont passer de la fabrique à la teinturerie, puis chez le grossiste pour partir ensuite bien empaquetés dans des tissus blancs cachetés de cire un peu partout en Inde et dans le monde.

déchargement de colis dans une petite rue de la vieille ville
livraison de beaux tissus rouges en vélo

 
Et là, ce petit bout de chou, seule au milieu de la place, tenant ses deux paquets
de biscuits, que fait-elle ?
Et demain départ pour Jaipur, la ville rose, la capitale du Rajasthan, encore plus de bruit, encore plus de pollution... L'Inde, quasiment dernière pour la liste des pays au monde les plus pollués, avant le Pakistan, le Népal et le Bangladesh.

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