vendredi 15 novembre 2013

Colombo : le sommet du Commonwealth

Je vous l'avais bien caché, mais voilà pourquoi je suis à Colombo aujourd'hui : je voulais voir le Prince Charles !!
Excellente occasion pour moi d'en apprendre un peu plus sur ce qu'est le Commonwealth.
Article tiré du journal La Croix de ce jour.


Le sommet du Commonwealth au Sri Lanka boycotté
Le prince Charles a ouvert vendredi 15 novembre à Colombo un sommet de l’organisation réunissant les anciennes colonies britanniques, marqué par le boycottage de plusieurs chefs de gouvernement.

Qu’est ce que le Commonwealth ?

Créé en 1931, le Commonwealth a pris sa forme actuelle en 1949, après l’indépendance de l’Inde, pour maintenir un lien entre le Royaume-Uni et ses anciennes colonies ou protectorats. Présidé par la reine d’Angleterre, il est composé de 53 États membres indépendants dont deux, le Mozambique et le Rwanda, ne sont pas d’anciennes colonies britanniques. Les membres ne sont liés par aucun traité et peuvent rester neutres en cas de conflit engageant l’un d’entre eux.
Le Commonwealth se réunit tous les deux ans dans un pays différent. Le chef de gouvernement du pays hôte en assume la présidence. Les débats portent sur les grandes questions politiques, économiques et sociales, de leur incidence sur leurs pays respectifs et des mesures à adopter, au sein du Commonwealth ou conjointement dans d’autres organes internationaux.

Qui boycotte le sommet de Colombo et pourquoi ?

Ce sommet de trois jours est boycotté par plusieurs dirigeants, dont ceux de l’Inde, du Canada et de l’Île Maurice. La raison est notamment le refus du Sri Lanka d’autoriser une enquête internationale sur des accusations de crimes de guerre perpétrés lors de l’écrasement en 2009 de la rébellion tamoule du nord du pays.
Cette reprise en main avait marqué la fin d’un long conflit ethnique qui, selon les estimations de l’ONU, a fait environ 100 000 morts. En avril 2011, l’ONU avait publié un rapport accablant pour le gouvernement. Les rebelles tamouls ont aussi été accusés d’exactions et d’avoir utilisé des civils comme boucliers humains.
Au grand dam des autorités sri-lankaises, le premier ministre britannique David Cameron devrait se rendre dès vendredi 15 novembre après-midi vers le nord, dans la région de Jaffna, l’ancienne zone de guerre dominée par les Tamouls et ensanglantée par les combats à la fin du conflit. Il sera le premier dirigeant politique étranger à se rendre dans cette zone. Le Sri Lanka est une ancienne colonie britannique, appelée Ceylan, devenue indépendante en 1948.
Mgr Rayappu Joseph, évêque catholique de Mannar, a appelé vendredi 8 novembre la communauté internationale à boycotter la réunion, a indiqué Églises d’Asie. Ce sommet « est utilisé pour renforcer la légitimité du gouvernement sri-lankais comme membre responsable de la communauté internationale », explique Mgr Joseph, évêque d’un diocèse situé dans le nord du pays, zone majoritairement peuplée par des Tamouls. « Étant donné la continuation des actes génocidaires perpétrés contre le peuple tamoul, mon opinion bien réfléchie est que Colombo ne peut pas être un lieu approprié pour accueillir » ce sommet qui, selon lui, « contrevient aux valeurs inscrites dans la Charte du Commonwealth ».

Quelle est la réaction du Sri Lanka ?

Le président sri-lankais, Mahinda Rajapakse, qui s’était dit impatient de montrer « la formidable transformation » du pays après « des dizaines d’années d’une guerre brutale contre le terrorisme » achevée en 2009, a estimé que le Commonwealth ne devait pas devenir une organisation de jugement de ses membres.
« Si le Commonwealth veut rester utile pour ses membres, il doit répondre aux besoins des peuples et ne pas se transformer en une organisation punissant ou jugeant » ceux qui la composent, a-t-il dit lors d’un discours peu avant l’ouverture formelle du sommet. Il a aussi mis en garde contre toute tentative pour un pays d’imposer « un agenda bilatéral au sein de l’organisation ». Il pourra compter sur la venue du premier ministre australien, Tony Abbott, qui a déclaré que l’Australie ne laisserait pas « détruire l’un des organisations les plus anciennes et importantes dont nous sommes membres ».

Quel est l’enjeu pour l’organisation ?

Pour les analystes, le Commonwealth doit aborder les questions du respect des droits de l’homme de ses membres, au risque sinon de perdre de son intérêt. « L’intérêt d’une organisation comme le Commonwealth dépend de sa capacité à communiquer avec les peuples de ses pays, à s’intéresser aux questions les intéressant », estime Suhas Chakma, directeur de l’Asian Centre for Human Rights, basé à New Delhi. « Il n’y a aucune nostalgie de l’empire britannique et le Commonwealth ne peut donc reposer sur cela pour survivre. Il ne peut se permettre de rester à l’écart des sujets difficiles, sinon il perdra toute importance », a-t-il dit à l’AFP.
Lors du sommet de 2011, l’organisation avait entrepris de se réformer en mettant en particulier en place une charte de valeurs communes. Mais elle n’avait pas répondu aux appels en faveur de la mise en place d’un commissaire aux droits de l’homme.
Des controverses ont déjà émaillé l’histoire du Commonwealth sans l’anéantir. « Le Commonwealth a une longue histoire avec ce genre de problèmes, de l’apartheid en Afrique du Sud au Zimbabwe de Robert Mugabe », rappelle Mark Rolfe, de l’Ecole des sciences sociales et des études internationales à l’Université des Nouvelle-Galles du Sud, à Sydney. Pour lui, le test sera plutôt de savoir si le Prince Charles, qui représentera sa mère la reine Élizabeth II au Sri Lanka, sera en mesure de donner un rôle au Commonwealth quand il succédera à la reine.
Vincent de Féligonde (avec AFP)

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