dimanche 30 janvier 2011

Climat : tout fout le camp !

Et oui, ça y est de retour en Inde, et là, ce matin en prenant mon délicieux hot-lemon-ginger-honey (boisson chaude au citron et au gingembre) je lisais le Sunday Times of India ce 30 janvier à Delhi. Un grand article sur les modifications du "panier de la ménagère" indienne provoquées par le climat qui fait le fou un peu partout :
Le blé dont la production est tombée à cause de la hausse de la température... mouvement inverse !
L'Assam, réputé pour son thé fort et noir a vu également sa production faiblir, comme le goût de son thé.
Le riz du Kerala s'est chopé la peste à cause des pluies incessantes, de même qu'à Goa la production des noix de cajou a chuté comme la récolte des mangues à cause des dix mois de pluies ! Ah ! "Goa, ses plages enchanteresses, ses palmiers, ses pluies abondantes" ne sera pas un slogan vraiment attractif pour les touristes.
Le café du Karnataka a vu sa qualité baisser car il a plu avant et après la floraison... Jamais contents ces Indiens, il aurait pu aussi pleuvoir pendant...
La pluie de novembre 2010, inattendue (voir aussi sur mon blog au Gujarat) a retardé la récolte du raisin dans les vignobles de Nasik et perturbe tout le cycle des cultures. Mais au moins ils ne viendront pas concurrencer le Beaujolais.
Le risque : l'utilisation accrue de pesticides pour lutter contre les maladies développées par la pluie !
Et les belles petites pommes de l'Himachal Pradesh, qui, à cause de l'élévation de la température perdent leur jus et leur craquant... Déjà qu'elles sont difficiles à trouver sur les marchés où on trouve maintenant des pommes sans goût du Chili à presque un euro pièce ! mais celles-ci sont rouges et brillantes, astiquées, frottées avant d'être mises à l'étalage. Mais qui peut se permettre d'acheter des pommes à ce prix ? Dernière info : les belles petites pommes croquantes de l'Himachal sont, selon la qualité, entre 70 et 100 roupies le kilo ! 20 roupies la belle pomme ! (1 euro = 58 à 60 roupies selon le cours du jour)
Et à qui profite ces changements climatiques ? je vous le donne en mille ! Aux... Chinois, qui ont anticipé et ont irrigué des terres d'une superficie quasi semblable à l'Inde et qui ont produit 500 millions de tonnes de graines alimentaires supplémentaires. Et aux Canadiens qui vont pouvoir cultiver autre chose que des rennes et des forêts...
Et M. Swaminathan, le père de la "révolution verte" d'expliquer ainsi la détresse et le suicide des agriculteurs, mais il oublie que ces suicides ne datent pas d'aujourd'hui et que Montsanto et l'introduction en masse des OGM y sont pour beaucoup. Il propose quelques actions à mettre en place comme la formation d'un homme et d'une femme dans chaque "panchayat" (conseil de villages) pour devenir "climate risk managers", que chaque ferme ait une mare et une installation de biogaz (utilisation des bouses de vache pour donner du gaz suffisant pour faire la cuisine quotidienne) afin d'assurer l'énergie et la sécurité en eau au quotidien, faire un classement des semences résilientes comme le riz et celles sensibles aux variations climatiques comme le blé, faire des recherches génétiques pour une nouvelle base de semences résilientes ( au secours, Montsanto !) et construire une banque génétique de semences pour une Inde qui se réchauffe.
Allez, bon appétit !
Et juste sur la page d'en face une grande photo du Mahatma Gandhi avec cette phrase "Le futur dépend de ce que vous faites aujourd'hui".
Allez, bonne journée !

mercredi 26 janvier 2011

Que la montagne est belle !


Et oui, avant de repartir deux mois pour l'Inde, un grand week-end prévu pour une randonnée raquettes sous la pleine lune... de quoi rêver, les reflets sur la blancheur de la neige, la beauté nocturne du Mont Blanc nappée de la lueur lunaire... et puis, la réalité de cette nuit là, la brume, le noir de la nuit avec quelques lumières au loin indiquant Sallanches, le froid, qui donne envie de rester à bouquiner près du poêle...
Mais dans la journée, de belles promenades sans neige, fondue depuis longtemps, ou bien, plus en altitude dure et gelée, et nul besoin de raquettes pour ne pas enfoncer.
Et toujours devant les yeux, ce rêve de Mont Blanc, l'Aiguille Verte, les Drus, les voies d'escalade célèbres, et au coucher du soleil le refuge de Tête Rousse à plus de trois mille mètres, qui brille tout là-haut et jette son éclat d'acier sur la plateforme neigeuse.

dimanche 16 janvier 2011

Le film "Severn, la voix de nos enfants"


Comme d'habitude, les films qui font réfléchir et qui risquent de faire agir ne passent qu'au compte-gouttes et dans tellement peu de salles, qu'il faut y mettre bien de la bonne volonté !
Severn, la toute jeune fille de 12 ans en 1992 qui a ému le monde entier par son intervention à l'ONU pour la protection de la planète, en remet une couche en 2009, enceinte de son premier enfant. Vous trouverez le dossier pédagogique en cliquant ici.
Le film dure deux heures, un peu long à mon avis, car il fait de nombreuses "fausses sorties", du style chant polyphonique corse au soleil couchant, magnifique, on attend le générique de fin, et pouf, ça repart sur le Japon, et cela une fois, deux fois, trois fois... ce qui fait qu'au bout du compte l'attention se relâche, le film perd de son punch et c'est dommage. Trente minutes de moins et il y gagne en démonstration et en pugnacité.
Mais bien sûr, il faut aller le voir, comme celui de Colline Serreau : Solutions locales pour un désordre global, comme celui de Dominique Marchais : le temps des grâces. Il fait partie des prises de consciences nécessaires et suffisantes pour faire bouger les mentalités. Pour agiter le vent de liberté. Pour consommer mieux et moins. Pour faire bouger le monde et protéger la planète. Même si celle-ci n'en fera qu'à sa tête car la nature est souveraine.

lundi 10 janvier 2011

Le numéro 13 de XXI sort le 13 (janvier)


Posted by Picasa

Où l'on retrouve notre ami le tailleur Inam... Vous vous rappelez ? Voir sur ce blog au 5 juillet 2008 : Il faut sauver le tailleur Inam ! Et notre ami Olivier Courtois, pivot (avec tous ses potes et les miens !) du sauvetage -heureux- de notre tailleur indien, vient de publier son histoire dans la revue XXI. Mais il n'a pas tout dit d'Inam et de sa famille... car malheureusement, le mauvais sort s'acharne sur eux et il y aurait une suite à donner à cet article, d'ici quelques mois, que je souhaiterais aussi heureuse que la première partie du récit. A l'époque, il a pu sortir des mains crochues de cet usurier, grâce à l'aide de dizaines de personnes inconnues, représentées par Olivier. Maintenant il a les yeux en boutons et les jambes en flanelle, pour un tailleur, normal, mais c'est douloureux, et il ne voit plus rien pour coudre. Et l'opération coûte trop cher. Et l'hôpital public ne pourra l'opérer que... dans des mois, lorsqu'il aura perdu ses yeux et qu'il sera trop tard.
Et encore, là, c'est sa fille Zeenat, qui voudrait bien passer sa dernière partie de diplôme pour pouvoir enseigner l'hindi, elle a réussi le concours d'entrée, mais ne peut pas se payer les droits d'inscription (1120 euros !). Et la directrice de l'école où elle enseignait vient de la mettre à la porte sous prétexte qu'elle n'a pas la dernière partie du diplôme. Comme ça. Elle était l'enseignante d'Olivier à l'époque... Elle est sans travail aujourd'hui. Et elle a besoin de 100 euros par mois pour payer ses médicaments...

Vous ne connaissez pas cette revue ? Normal, elle ne sort qu'en librairie. Pas question de frotter ses pages aux Gala, Voici et Paris-Match. Non, XXI est une revue merveilleuse, absolument sans publicité, oui, ça existe ! qui se fait désirer car elle ne parait qu'une fois par trimestre, c'est dire si on l'attend... en plus quand on est abonné, on la reçoit une semaine avant tout le monde et c'est pour ça que je peux vous en parler aujourd'hui, après avoir lu l'article sur Inam en avant-première.
Il y a de grands articles, plusieurs pages, oui, il faut aimer la lecture, mais XXI est là pour ça, ses reportages sont souvent de vrais romans policiers et racontent ce que les autres savent mais n'écrivent jamais. Il y a une grande BD, créative, innovante, qui met en scène des histoires vraies et qui met sur le devant de jeunes dessinateurs, des créateurs méconnus de faits divers et crayonnés, ou peints, ou aquarellés. Il y a des histoires de fond et de surface, des récits à pleurer et d'autres à hurler de désespoir, d'autres pleins d'humour ou décapants. Bref, j'aime cette revue et je voudrais la faire connaître ! Alors, jetez-vous dessus le 13 janvier dans votre librairie et si votre libraire ne l'a pas, demandez lui... c'est un service à lui rendre. C'est le numéro 13, hiver 2011.

jeudi 6 janvier 2011

Ksar et oasis

Une magnifique balade le 28 décembre dans les alentours de Boudnib, où nous allons à la découverte des ksour, ces villages de pisé, parfois bien conservés et habités, parfois laissés à l'abandon et il est alors triste de voir ces magnifiques constructions se délabrer et retourner lentement à la terre dont ils sont issus.
De Boudnib nous partons sur la route goudronnée pour bifurquer ensuite sur la droite en direction de deux grosses collines plates au sommet. Nous suivons un long moment un large canal d'irrigation bien construit en pierres, qui s'arrête, parce que le village suivant n'a pas accepté qu'il empiète sur ses bonnes terres...Nous rendons une petite visite à Sidi Boukarkeb dans son tombeau, joli petit marabout (monument funéraire accueillant un saint ou un dévot) au pied des collines ocres et nous passons devant un cimetière situé avant le village.Ce sont juste de simples pierres levées, deux pierres disposées parallèlement, c'est un homme, deux pierres perpendiculaires, c'est une femme... et c'est tout. La grandeur du tas de terre où sont disposées les pierres permettent de savoir si c'est un enfant ou un adulte.Le village apparaît au détour du chemin, et l'entrée dans le ksar tournicote, pas de droit chemin, cela permet de se mettre à l'écart pour voir qui arrive... Les passages couverts permettent de traverser le village à l'ombre.Nous filons ensuite dans les petits sentiers de l'oasis au milieu des énormes palmiers. Les canaux d'irrigation fonctionnent à tour de rôle, certains le jour, certains la nuit, et pas question de se tromper, tout le monde connait son tour...Cultures de céréales, de légumes, de luzerne pour les bêtes, damiers de verts et d'ocre, palmiers au milieu du champ qui appartient peut-être à un autre propriétaire, et dans les familles, dès l'enfance, chacun apprend à qui est ce palmier, cet autre-là au milieu du champ, le long du canal, et personne ne s'amuse à voler les dattes du voisin... Tradition orale et séculaire du respect du bien d'autrui.Après le passage d'un joli petit gué, grande traversée désertique avant d'arriver, en bout de piste au ksar de Sahli, qui se dresse dans la nuit commençante, un peu fantomatique.
Et derrière nous le ciel prend feu avant de nous faire découvrir un festival d'étoiles comme le désert sait en offrir.

lundi 3 janvier 2011

Semaine marocaine

Notre voyage : arrivée par avion à Fès (à droite), puis route en direction de Boudenib en passant par Errachidia et randonnées dans toute la région de la vallée du Guir, remontée sur Meknès (rond à gauche), puis retour sur Fès pour le vol sur la France.
Une semaine de rencontres amicales, chaleureuses, de paysages superbes, d'émotions intenses. Une semaine de randonnées tranquilles dans la vallée du Guir, pas très loin de Boudenib, à marcher de ksar en oasis, à regarder la cueillette des olives, à participer à la vie de familles marocaines si merveilleusement accueillantes.

L'association "La Burle" proposait une randonnée de reconnaissance dans une partie sauvage et où aucun touriste n'a encore mis les pieds. Le double "plus", l'accompagnement de Jean-Marie Simon "allumeur d'histoires" connaissant parfaitement la région et qui nous régalait le soir venu, autour du "fourneau" où chantait la bouilloire, d'histoires de vie marocaine, de Saïd, son "fils de coeur" qui s'occupait de la logistique dans les familles où nous étions hébergés. L'implication de la population locale, à savoir une famille élargie, étant essentielle dans la réussite du projet.Notre hébergement dans l'oasis de Kadoussa, avec les taxis qui nous ont amené.
L'hébergement à mille étoiles, celles du ciel noir profond du désert... mais le froid de décembre dans le désert nous faisait préférer le salon familial où, après avoir dégusté des tas de brioches, de crêpes, de beignets faits maison pour l'heure du thé, puis le plat de riz aux légumes ou le délicieux couscous parfumé du soir, nous nous enfouissions dans nos duvets de montagne. La salle de bains était le hammam du quartier ou celui de la maison quand il y en avait un.
Le repas du réveillon autour du fourneau dans la cuisine pour avoir plus chaud !
Rencontres avec des associations, les Amis de la Terre-Boudenib, avec qui nous avons eu un délicieux repas au milieu d'une oasis ! Chorouk, pour la promotion de la femme et la protection de l'enfant, créée par de jeunes femmes courageuses.Et puis les collines et les falaises ocres, les palmiers dans les oasis, avec Saïd grimpant pour nous cueillir des dattes,
le vert des oliviers et les chants des ramasseurs d'olives, le braiment des ânes sur notre passage,Au coucher du soleil, retour de l'âne chargé d'olives dans l'oued à sec.

la visite des ksour (pluriel de ksar), ces villages fortifiés en pisé, avec des rues couvertes pour se protéger de la chaleur,Jeu d'ombre et de lumière dans une rue couverte d'un ksar.

Entrée du ksar de Boudenib pour la (petite) partie tenant encore debout.
la plupart de ceux de la région de Boudenib étant détruits par la terrible inondation du 10 octobre 2008 qui a ravagé la région ou laissés à l'abandon, faute de moyens pour les consolider et les maintenir en état. Le ksar de Boudenib détruit par l'inondation du 10 octobre 2008, où une vague de 8 mètres de haut venant de l'eau tombée de l'Atlas s'est abattue sur la ville.