mercredi 16 mars 2011

Le barrage de Tehri

La ville du Vieux Tehri qui est submergée et on aperçoit encore le clocher de l'Horloge avant qu'il ne disparaisse.
Le barrage actuellement
Réveil un peu avant 6 h, mon petit sac avec pommes, oranges, petit pain au lait industriel à 3 roupies, est prêt à partir pour la journée. Je quitte la chambre, le jour se lève sur la vallée, du rose délavé au-dessus de Dehra Dun où scintillent encore quelques lumières. Le portail de l'hôtel est fermé par un gros cadenas. Le temps de trouver où dort le manager, qu'il se réveille, aille chercher la clé à la réception, j'aurai loupé mon bus. Alors ni vu, ni connu, mes restes de gymnaste même pas très douée font que je passe par-dessus la grille et me voilà partie, solitaire dans la fraîcheur du petit matin vers la gare des bus pour Tehri (Garhwal). Située à l'autre bout de Mussoorie qui s'étend très largement sur toute l'arête de la montagne, je file d'un bon pas pendant plus d'une demi-heure. J'achète mon ticket pour "Tehri-Dam" le barrage de Tehri, que je rêve de voir depuis longtemps. 75 roupies, soit 1 euro 25 pour 4 h de bus, ce n'est pas cher du virage ! Je m'installe dans le bus en ayant remarqué les dégueulis (beurk) sur la carrosserie et je me dis que ça doit tourner pas mal...
Depart à l'heure, le bus est presque vide. Tranquille pour regarder à loisir le paysage superbe. La route serpente dans un décor grandiose avec la chaîne himalayenne encore endormie dans sa blancheur. Ça peut ressembler à l'Ardèche multiplié par dix. Des pans de montagne en terrasses, parfois toutes abandonnées, des petites maisons plates disséminées dans cette immensité verte, des feuillus, puis plus haut des résineux.
Après deux heures trente de tortillons, de klaxons, de travaux le long de la route où tout est fait à la main -dont le cassage des cailloux à la masse- voici Chamba, une ville au milieu de ce désert. Surprenant. Puis on retrouve les vues plongeantes sur les vallées, les fermes minuscules plantées dans les pentes, les lignes d'horizon à l'infini et aussi la Nanda Devi si belle à plus de 7800 m accompagnée par tant d'autres sommets prestigieux.
Le bus s'arrête dans un virage en descendant sur Tehri pour me faire descendre et après quelques centaines de mètres me voici perchée au-dessus de ce fameux barrage ! C'est une énorme pyramide tronquée en terre et cailloux, qui barre une petite vallée, créant un immense lac. Une route goudronnée traverse le barrage de part en part et une autre descend en lacets jusqu'au fond de la vallée pour que les véhicules puissent rejoindre des accès routiers normaux. Voilà ! Je le vois, le regarde pendant un bon quart d'heure, le dessine dans ma mémoire, et repart en quête de véhicules pour rentrer sur Mussoorie. J'y arriverai à 16 heures en ayant eu la chance de trouver un bus à Chamba après 3 trajets en jeeps. Belle journée tape-cul mais je voulais le voir et je l'ai vu !
Pourquoi est-il si important en particulier aujourd'hui ? Il a été construit dans une zone sismique ! Lire le reportage de Andrée-Marie Dussault, à Tehri
Planification scientifique inadéquate, évaluation des impacts sociaux et environnementaux déficiente, délocalisation de 100 000 personnes, corruption à tous les échelons, construction dans une zone sismique, coût quarante fois plus élevé que prévu... Après quatre décennies de controverse, un des plus gros projets hydro-électriques d'Asie vient de s'achever et il a tout pour déplaire. Reportage dans l'état montagneux d'Uttaranchal.

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