samedi 11 juillet 2009

Les bottes de sept lieues

Photo Joël Robic
Et HOP ! par un grand coup de baguette magique et grâce à tous nos merveilleux moyens de transport planétaires et polluants (ce n'est plus guère écologique de prendre l'avion de nos jours...) mais comment passer du cercle polaire arctique au tropique du Cancer aussi rapidement ? ou de la doudoune-coupe-vent au ventilateur-climatiseur-eau glacée, sans forcément se balancer en montgolfière pendant trois mois ? Bon, je fais donc acte de contrition et vous envoie du désert du Rajasthan des bouffées de vent délicieusement brûlantes.
Depuis notre arrivée à Delhi le 7 juillet au petit matin (un petit groupe du Cevied dont je suis l'accompagnatrice), nous sommes plongés dans une chaleur de four, la campagne pour aller dans le Rajasthan se prépare à recevoir la bénédiction du ciel, mais elle se fait attendre dans cette partie de l'Inde cette année...
Les derniers labours sont faits, on admire les beaux sillons dans la terre qui a déjà reçue une toute petite pluie la semaine précédente pour dire de commencer à verdir de plaisir. Bien sûr, l'arrivée de la mousson fait toujours la une des journaux indiens et là, on commence à se faire un peu de souci pour les semences et la nourriture pour les bêtes. Au 6 juillet, la mousson en Inde du Nord était en déficit de 44 % dans les états "grenier à blé" du pays, le Penjab, l'Haryana et l'ouest de l'Uttar Pradesh. Pratiquement pas d'averses de pré-mousson dans toute cette partie de l'Inde.
Nous sommes donc arrivés à Jaisalmer dans cette ambiance de 42 degrés à l'ombre. Le soir nous trouvons la terrasse sympathique de mon petit restaurant habituel où Shiva me servait mes petits déjeuners au debut de cette année, située tout au sommet du bâtiment pour trouver un souffle de vent frais. Mais là, et parce que je suis arrivée aujourd'hui, que tout le monde dans le quartier était content de me revoir - mieux vaut être célèbre à Asani road (petite rue de Jaisalmer) qu'inconnue à Lyon ! - en me disant que mon retour allait porter chance, tout a changé... Du fond du desert, le ciel vire d'un bleu délavé à un jaune sale, ce qui signifie qu'il est chargé de sable... Le vent se lève et Shiva ramasse précipitamment les salières et les serviettes en papier disposées sur les tables avant que le vent de tempête ne les transforme en petites bombes et en papillons multiformes. Nous essayons de nous cacher dans l'escalier, derrière des piliers pour éviter le marchand de sable et nous endormir avant d'avoir goûté aux délicieuses aloo paratha, les sortes de crêpes à la pomme de terre que j'adore. Après le sable, la pluie, oui, miracle, un gros nuage de pluie qui va faire tomber la température d'une bonne dizaine de degrés, ouf, à 35 on trouve qu'il fait délicieusement frais ce soir, soudainement... Et puis, cerise sur le gâteau, un feu d'artifice naturel illumine un décor de théâtre fantastique pendant plus d'une demi-heure. Le profil de la forteresse se découpe en noir -car bien sûr, il y a une grosse panne de courant, non, je veux dire que pendant le spectacle on a éteint toutes les lumières...- sur un ciel zébré d'éclairs fantastiques qui parcourt le ciel en flashant comme pour les stars au festival de Cannes. Mais nous sommes au premier rang et je suis excitée, c'est la première fois, la première pluie à Jaisalmer...photo Joël Robic

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